En termes de production agricole au Vietnam on pense irrémédiablement à la riziculture et beaucoup de voyageurs sont étonnés de savoir que le Vietnam est le premier producteur mondial de robusta, deuxième de café brut derrière le Brésil. Véritable boisson nationale, le café est indissociable de la culture vietnamienne où les vietnamiens excellent, dans les grandes villes, à élever au rang d’art de vivre le fait de boire son petit noir.
Le café vietnamien et son histoire
La production de café au Vietnam date de l’ère de la colonisation française lorsqu’au début du XIXème siècle des colons français apportèrent des plants de café profitant de sols et d’un climat favorables à la culture des caféiers. D’abord concentrée dans le Nord du pays, la culture des caféiers s’étendit progressivement dans le centre et surtout dans les hauts plateaux du centre, dans la région de Dalat et de Buon Me Thuot.
Si la culture des débuts était presque exclusivement de l’arabica, peu à peu les producteurs se sont mis à cultiver également du robusta. Après la guerre d’indépendance, beaucoup de cultivateurs sont partis, laissant à l’abandon les plantations. Pour le petit nombre de producteurs qui avaient fait le choix de rester, leurs peu de moyens ne leur permirent pas de pérenniser leurs plantations. Après la guerre du Vietnam la production de café est soumise à collectivisation de l’agriculture. Il faudra attendre l’ouverture du pays à l’économie de marché pour que la production retrouve une nouvelle vitalité.
En 2016, le Vietnam a exporté 1,8 million de tonnes de café, soit une hausse de plus de 33 % par rapport à l’année précédente. D’ailleurs Nestlé ne s’est pas trompée en implantant au Vietnam sa sixième usine liée à la production de café. L’industrie du café représente plus de 3 % du PIB national et fait vivre plus de trois millions de personnes dont beaucoup de groupes ethniques minoritaires des hauts plateaux du centre.
La capitale du café
Située dans la plus grande région caféière du Vietnam, Buon Me Thuot est depuis longtemps la capitale du café au Vietnam. Perchée à 536m d’altitude, Buon Me Thuot bénéficie d’un climat favorable et de sols fertiles pour la culture du café. Celui-ci est réputé dans le pays tout entier pour ses arômes délicats et chocolatés. En plus de découvrir les plantations et leurs processus de fabrication, vous pouvez vous rendre dans certains cafés de la ville qui réalisent devant vous toutes les étapes de transformation et de préparation.
Les cafés, véritables institutions vietnamiennes
Si il y a bien une tradition citadine tenace, profondément ancrée dans la culture vietnamienne du quotidien c’est bien celle de se rendre au café. Fut une époque pas si éloignée que ça, aller au café était un des rares divertissements que les Vietnamiens pouvaient s’offrir. On se retrouvait alors avec plaisir autour d’un café entre amis, amoureux ou collègues pour parfois fuir un extérieur exigu, tromper l’ennui en profitant de la convivialité d’un café toujours propice aux grandes causeries.
Chaud ou glacé, noir, avec du lait concentré, du yaourt ou même à l’œuf, les Vietnamiens de tout âge consomment du café du matin au soir. Parfois de façon cérémonieuse avec l’utilisation d’un petit filtre en métal posé à même la tasse. Un rituel, un éloge de la lenteur qui permet de conserver toute la subtilité des arômes du café. Ce dernier est souvent accompagné d’un thé léger. A Hanoi, on consomme le café chaud en hiver pour se réchauffer du froid. Quand vient le printemps on se laisse aller au café glacé. A Saigon ou Hô Chi Minh Ville par contre, les habitudes de consommation se portent généralement sur le café glacé, chaleur oblige.
Si dans les grandes villes les chaînes de café ont fait leur apparition, privilégiez-les hors sentiers battus ! Beaucoup de Vietnamiens restent attachés aux petits cafés traditionnels de quartier, aux cafés de trottoir et aux petites échoppes familiales. A Hanoi surtout dans le vieux-quartier de la capitale du Vietnam, fleurissent de plus en plus des petits cafés désuets, intimistes à la décoration vintage célébrant le « Hanoi xua », traduisez par « Hanoi au bon vieux temps ». Des lieux chaleureux où les Hanoïens aiment se poser et donner du temps au temps. Evoluant avec son temps, entre tradition et modernité, le café au Vietnam reste une singularité culturelle à découvrir, lors d’un voyage au Vietnam. Vous le verrez, dans certaines rues, il flâne un air hérité de la France.
Le petit noir qui vaut de l’or
Appelé cà phê chôn au Vietnam, ce café est l’un des plus chers au monde. La particularité de ce café est qu’il est récolté dans les excréments d’une civette du fait d’une digestion quasi absente chez ce mammifère. La civette est extrêmement friande des cerises bien mûres du caféier dont elle digère la pulpe mais pas le noyau. Dans son estomac, le noyau subit sous l’action des enzymes et des sucs gastriques une transformation qui améliore considérablement son parfum. Rejetés ensuite par les voies naturelles, le noyau est lavé, séché puis torréfié. Il en résulte un goût caramélisé qui fait fondre de plaisir de nombreux amateurs de café dans le monde. Il en coûte tout de même presque 6000 euros le kilogramme !